Speech: Commissioner Moscovici's remarks presenting the Autumn 2019 Economic Forecast

Met dank overgenomen van P. (Pierre) Moscovici i, gepubliceerd op donderdag 7 november 2019.

Bonjour à toutes et à tous. Je suis ravi de vous retrouver pour ces prévisions d'automne 2019 de la Commission européenne. J'avais fait mes adieux à la salle de presse il y a un mois, finalement je suis encore là. C'est un peu imprévu, j'avais dit dans une conférence de presse à la fin de l'Eurogroupe que je serais Commissaire européen tant qu'il y aurait des journalistes italiens pour me demander des nouvelles du budget italien, je les attends, car je suis encore Commissaire européen. Je suis prêt à répondre aux questions sur d'autres budgets mais ce n'est pas le sujet du jour.

Quels sont les principaux messages de ces prévisions pour 2019 et les deux prochaines années ?

Tout d'abord, les fondamentaux de l'économie européenne restent robustes en 2019, 2020 et 2021. Ce sont encore des années de croissance qui nous attendent et dans tous les pays de la zone euro. Le marché du travail a poursuivi son amélioration et devrait rester relativement favorable sur la période. De même, le déficit public en zone euro ne dépasserait pas 1% du PIB d'ici 2021, ce qui prouve que les efforts qui ont été demandés payent leur fruit et se traduisent dans la durée

Deuxièmement, et je veux mitiger ce que je viens de vous dire, la croissance européenne est freinée par les tensions et incertitudes commerciales, qui s'ajoutent à la faiblesse de la demande mondiale et à des changements structurels, et pèsent notamment sur l'industrie manufacturière.

Troisièmement, l'inflation a connu une tendance baissière en 2019, reflétant principalement la chute des prix de l'énergie. Le ralentissement de l'activité économique et l'atténuation des pressions externes sur les prix devrait maintenir l'inflation de la zone euro à un niveau bas pour plus longtemps, soit 1,2% cette année et l'an prochain et 1,3% en 2021. Tout cela a bien sûr des conséquences sur la politique monétaire, quand on parle d'un régime de taux bas pour longtemps, on n'est sûrement pas loin de la vérité.

Quatrièmement, nous prévoyons donc que la croissance restera modérée mais positive dans tous les Etats membres. La croissance économique dans la zone euro devrait atteindre 1,1% cette année et 1,2% en 2020 et 2021. Dans l'UE, la croissance devrait atteindre 1,4% pour chacune des années de prévision.

Enfin, pour l'avenir, de nombreux risques à la baisse continuent de peser sur les perspectives économiques. Une nouvelle hausse de l'incertitude ou des tensions commerciales et géopolitiques ou un ralentissement plus marqué que prévu de l'économie chinoise, sont les principaux risques externes. Le risque d'un Brexit désordonné ne peut pas encore être exclu, tandis que la contraction dans le secteur manufacturier pourrait contaminer le secteur des services.

Après 6 années de croissance robuste, l'économie européenne est entrée dans une période de croissance modérée. L'économie a ralenti au deuxième trimestre 2019 et il est peu probable qu'elle rebondisse à court terme. Ceci est déjà confirmé par la dernière estimation « flash » d'Eurostat, selon laquelle la croissance trimestrielle en zone euro est restée stable à 0,2% au troisième trimestre. Les indicateurs disponibles suggèrent une tendance similaire pour le quatrième trimestre.

Au total, après une croissance de 1,9% l'an dernier, nous prévoyons un ralentissement en zone euro à 1,1% cette année, et une croissance à peu près identique à la fois en 2020 et en 2021.

Cette absence de rebond marque un changement par rapport à nos précédentes prévisions. Cela reflète les chocs subis par la zone euro et dont l'impact mettra du temps à s'effacer. Nous entrons dans un nouveau régime de croissance plus modéré, c'est le signe d'une nouvelle période. Je reviendrai sur les causes dans un instant.

La consommation privée devrait toutefois rester solide et soutenir la croissance. Le pouvoir d'achat des ménages devrait être soutenu par une croissance de l'emploi qui continue de se déployer et une hausse des salaires dans un environnement de faible inflation et de coûts d'emprunt historiquement bas. Les mesures budgétaires prises dans certains États membres devraient également aider à soutenir la croissance

Les investissements des entreprises risquent d'en pâtir à cause de l'incertitude accrue et de la faiblesse du commerce mondial. En revanche, les conditions de financement très favorables et le soutien de divers régimes tels que le Fonds européen pour les investissements stratégiques sont autant de facteurs de soutien.

Il est toutefois peu probable que tous ces facteurs de soutien à la demande intérieure soient suffisants pour stimuler la croissance d'ici 2020 et en 2021 à un rythme plus rapide que cette année. Des tensions commerciales persistantes, les incertitudes politiques ainsi que des changements structurels, tels que la préférence des consommateurs dans l'industrie automobile, risquent de placer l'Europe sur une trajectoire de croissance modérée au cours des prochaines années. C'est ça l'enseignement principal de ces prévisions.

L'économie européenne est impactée par le ralentissement mondial.

Durant l'été, l'intensification des tensions et des incertitudes commerciales entre les Etats-Unis et la Chine ont eu des répercussions négatives au niveau mondial. Par conséquent, les perspectives de croissance de l'économie mondiale ont été fortement revues à la baisse.

La contraction du secteur manufacturier reflète ces tensions, se prolonge dans un climat d'incertitude et devient une donnée plus structurelle.

Si la décélération de l'économie américaine est de nature essentiellement cyclique, ce n'est pas le cas du ralentissement de la Chine qui, elle, est ralentie par des facteurs structurels tel que le vieillissement de la population et un endettement élevé. Ceci explique la volonté des autorités chinoises d'assurer un rééquilibrage de l'économie en réduisant le surinvestissement.

Enfin, le potentiel de rebond des économies émergentes est désormais amoindri par les tensions commerciales, des conditions de financement plus dures pour ces économies et les prix modérés des matières premières.

Toutefois, la mise en place de politiques économiques de soutien à la croissance dans un certain nombre de pays, y compris les Etats-Unis et la Chine, de même que la vigueur des marchés du travail et des conditions de financement favorables devraient limiter l'ampleur du ralentissement de l'économie mondiale.

Dans l'ensemble, après avoir progressé de 3.8% l'année dernière, la croissance économique mondiale, hors Union Européenne, devrait se réduire à 3,2% cette année. Pour 2020 et 2021, la croissance devrait légèrement augmenter jusqu'à 3,3% en 2020 et 3,4% en 2021. Vous noterez que nous sommes un peu plus optimistes sur ce plan que d'autres institutions internationales.

Dans ce contexte, la croissance du commerce mondial a considérablement faibli au cours de la première moitié de cette année, sans qu'aucun signe de redressement ne soit encore visible.

Cette faiblesse a coïncidé avec un ralentissement prononcé de la production industrielle et de l'investissement au niveau mondial. La contraction des importations des économies émergentes a toutefois été plus importante, notamment en Chine et parmi les économies asiatiques. Les importations des économies avancées ont mieux résisté grâce à la résilience de la demande domestique.

La croissance des importations mondiales hors UE devrait donc fortement ralentir cette année, passant de 4,1% en 2018 à seulement 0,4%, c'est presque un effondrement de ce point de vue-là. Elle devrait ensuite se redresser en 2020 et 2021, à 2,1% et 2,5% respectivement, ce qui resterait bien en-deçà de sa tendance de long terme.

Depuis plus d'un an, l'industrie manufacturière de la zone euro se contracte suivant l'évolution mondiale. Par contre, les secteurs davantage tournés vers la demande intérieure, comme la construction et surtout les services, continuent de croître.

L'Allemagne est le pays le plus touchée par cette contraction manufacturière en raison de la part élevée de cette industrie dans son PIB mais aussi de l'importance des produits industriels dans ses exportations. En revanche, les économies d'Europe Centrale et Orientale ont poursuivi leur forte croissance. Ceci grâce à des marchés du travail particulièrement dynamiques et à l'absorption des fonds européens. Je note ce paradoxe constant que dans des pays où on critique fortement l'Union Européenne, la croissance de l'économie et de l'emploi se fait précisément grâce à elle, ce qui devrait relativiser certaines positions politiques.

Cependant, nous nous attendons à ce qu'un ralentissement de l'activité affecte également ces économies car des effets de contagion via les chaines de production transfrontalières sont susceptibles de se mettre en place.

L'économie européenne devra s'appuyer sur des sources de croissance nationales. La croissance de la consommation privée a relativement bien résisté mais elle devrait légèrement reculer cette année, car les ménages ont accru leur épargne. La consommation devrait continuer à croitre à un rythme similaire d'ici 2021, dans un contexte de ralentissement de la croissance de l'emploi.

L'investissement des entreprises devrait ralentir au cours des deux prochaines années sous l'effet de l'incertitude accrue, de la baisse des marges bénéficiaires et de faibles attentes en matière de bénéfices des sociétés.

La contribution du commerce extérieur à la croissance économique de la zone euro devrait être négative cette année et devenir quasi neutre en 2020 et 2021, car le ralentissement dû à l'environnement extérieur devrait diminuer avec le temps.

Dans un contexte toujours bien orienté, le potentiel de croissance de l'emploi est devenu plus limité. C'est particulièrement le cas dans l'industrie manufacturière - ce qui est logique compte tenu des ralentissements qui l'affecte - où l'accumulation de la main-d'œuvre a déjà eu lieu dans certains pays malgré la sous-performance du secteur. Les données d'enquête de la Commission sur les perspectives d'emploi suggèrent un ralentissement marqué de la création d'emplois. Les attentes en matière d'emploi dans les secteurs manufacturiers et des services divergent, reflétant les différences de performances entre les secteurs.

Néanmoins, la situation du marché du travail devrait rester relativement favorable, avec une croissance de l'emploi à un rythme plus modéré. L'évolution de la composition sectorielle de l'emploi vers des secteurs à plus faible progression de productivité, tels que les services, devrait toutefois permettre des gains d'emploi plus importants malgré une croissance économique plus faible. C'est un paradoxe qui n'est en réalité qu'apparent.

En zone euro, le chômage devrait donc baisser de 7,6% cette année à 7,4% en 2020 et 7,3% en 2021.

Dans l'UE, il serait de 6,3% cette année avant de se stabiliser à 6,2% dans les deux prochaines années. On est sur une tendance en termes de taux de chômage qui est plutôt à la stabilisation qu'à la poursuite d'une diminution marquée.

In the euro area, monetary policy remains supportive. Upward pressure on nominal interest rates should stay very limited due to the subdued growth and inflation outlook, as well as recent ECB decisions. As you can see on this chart, real short and long-term rates are likely to remain negative.

Funding costs for the private and public sectors are also expected to remain supportive.

Euro area inflation has been on a downward trend in 2019, largely because of falling energy prices.

Core inflation, which excludes energy and unprocessed food price developments, remained low. In a context of weak demand, firms have been absorbing labour cost increases by accepting lower profit margins rather than by raising prices.

Inflationary pressures should remain muted given the subdued growth forecast and the assumption of moderately declining oil prices.

In the euro area, inflation is projected at 1.2% this year and next and at 1.3% in 2021.

Moving to the European growth map 2020, I am sorry that it was leaked, I deeply regret that. It cannot remain without an internal enquiry because you are the ones who should have the exclusiveness of those figures and nobody else.

Among the largest EU economies, GDP growth in 2020 is expected to be at or above the EU average (of 1.4%) only in Poland at 3.3%, in Spain at 1.5%.

Growth in Germany should pick up to 1% in 2020, after 0.4% in 2019. Part of this, however, reflects a higher number of working days next year: underlying growth dynamics are set to remain subdued. Domestic demand should prove strong enough to generate growth as private consumption continues benefitting from robust wage increases.

S'agissant de la France, nous prévoyons une croissance de 1,3% en 2019 et en 2020. La consommation privée, soutenue par l'amélioration continue de la situation sur le marché du travail et par les mesures budgétaires prévues, devrait se renforcer et compenser le ralentissement des investissements.

Italy is expected to grow by just 0.1% this year and by 0.4% in 2020. A positive contribution from net trade this year and moderate growth of household spending next year should help the economy. Domestic demand is unlikely to be boosted much by the labour market as employment and wages are set to grow only moderately.

In Spain, real GDP growth is expected to continue decelerating from 1.9% this year to 1.5% next year, which is still above the EU and euro zone average. Private consumption growth is projected to remain subdued as households are forecast to increase further their precautionary savings amid growing uncertainty.

In the UK, growth is set to be 1.4% over the next two years. The still relatively robust real wage increases and employment growth should support private consumption, but continuing uncertainty about the UK's future relationship with the EU is likely to weigh on business investment. Our forecast is based on a purely technical assumption of status quo in terms of trading relations between the EU27 and the UK.

In 2018, the aggregate public deficits of the EU and the euro area fell to their lowest levels since 2000. Over the next two years, the euro area deficit is expected to increase only slightly from 0.8% in 2019 to 0.9% in 2020 and 1% in 2021.

The euro area aggregate fiscal stance - measured by the change in the structural balance - is projected to remain broadly neutral.

Concerning public debt, the euro area's debt-to-GDP ratio is set to decline further from 87.9% in 2018 to 84.1% in 2021. Similarly, in the EU, debt is expected to decline from 81.9% in 2018 to 78.4% in 2021.

This deleveraging should find support from nominal GDP growth remaining higher than the very low implicit interest rates paid on outstanding debt.

Although the aggregate euro area deficit is forecast to increase in 2020, all euro area Member States are projected to run deficits of less than 3% of GDP.

Within the EU, only Romania is forecast to have a deficit well above 3% of GDP in 2020.

Among highly indebted countries, the picture in terms of deficits is varied. Deficits are set to increase in Italy and Belgium, but to narrow in France, as the negative impact of a specific one-off measure (CICE) affecting 2019 fades.

Two countries where the turnaround in public finances has been particularly striking are Portugal, which is projected to run a balanced budget next year, and Greece, which plans a large surplus for 2020, in line with the commitments made under the enhanced surveillance procedure.

Several countries that have been running surpluses will see these decline in 2020, mostly due to expansionary fiscal policies in Denmark, Cyprus, the Netherlands, Luxembourg and, to a lesser extent, Germany.

The EU economy faces a period of high uncertainty related to trade and other economic policies.

Downside risks to the outlook remain highly interconnected, which could magnify their impact. These include a further increase in uncertainty, which could lead to a worse outcome than envisaged; a further escalation in US-China tensions; and a sharper than forecast slowdown in China.

Within the EU, negative spillovers to other sectors from the manufacturing contraction might build up. This could impact jobs and confidence and weaken private consumption.

A failure to secure an orderly Brexit would also affect growth, although more so in the UK than in the EU27.

Finally, to end up on a more positive note, it is clear that a de-escalation or resolution of economic and trade tensions would boost economic growth both outside and inside the EU.

To conclude, the road ahead for the EU economy is challenging, even though all Member States are expected to grow in the coming years.

Given the numerous risks, we must intensify efforts to further strengthen the resilience of our economies and of the euro area as a whole. Mario Draghi to whom I want to pay tribute today - is right that monetary policy alone cannot carry the burden when the economy is weakening. Ministers had a constructive discussion on the fiscal stance in the euro area at last month's Eurogroup. It will be for the new Commission to provide the necessary steer in the coming months and years. I expect quite a bit of continuity and I hope this will be the case.

I am now ready to take your questions.

SPEECH/19/6236

 

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