Discours du Commissaire Thierry Breton - Inauguration de la Table Ronde de l'Automobile Espagne

Met dank overgenomen van Europese Commissie (EC) i, gepubliceerd op maandag 29 juni 2020.

Madame la Ministre [Reyes Maroto],

Mesdames et Messieurs,

Merci pour votre invitation à cette première réunion de la Table Ronde de l'Automobile.

Je suis très heureux de pouvoir ouvrir vos discussions et vos travaux dans les conditions particulières que nous connaissons tous.

J'ai bien conscience de la situation, des enjeux et des défis qui se présentent à l'Espagne, dans le tourisme bien sûr mais aussi dans d'autres secteurs clé pour votre économie.

Le secteur de l'automobile a été heurté de plein fouet par les conséquences du Coronavirus.

Je salue votre initiative de rassembler les différents Ministères, régions, représentants du secteur et partenaires sociaux autour de la table pour vous pencher sur la feuille de route pour le plan de relance de l'industrie automobile annoncé le 15 juin dernier par votre gouvernement.

Car effectivement, il est urgent de relancer ce secteur clé pour notre économie, de préparer l'avenir, et de le faire ensemble.

[La situation en Espagne - Poids et enjeux de l'industrie automobile]

Le secteur de l'automobile est en effet gravement touché par la crise Covid-19, avec un arrêt de la production et un recul historique d'immatriculations.

Ceci est vrai partout en Europe, mais c'est particulièrement inquiétant en Espagne, où le secteur représente 10% du PIB et 19% des exportations nationales. L'Espagne compte non seulement des grands fabricants de pointe, mais aussi des équipementiers automobiles leaders en Europe.

Avec près de deux millions d'emplois directs et indirects, la situation fait craindre des conséquences sur l'emploi, avec la fermeture annoncée du site de Nissan dans la région de Barcelone.

Et elle met en danger les investissements tant nécessaires dans la recherche et le développement.

[Le besoin d'une approche européenne]

A la Commission européenne, nous avons vite compris la sévérité de la crise, et nous avons agi.

L'Europe a été présente dès le début de la crise et a agi de manière rapide et forte : avec l'injection de liquidités par la Banque Centrale Européenne, l'assouplissement des règles du pacte de stabilité, l'ouverture aux aides d'États, l'augmentation du capital de la Banque Européenne d'Investissement pour les PME, le maintien des flux de transport essentiels et la proposition de soutien aux mécanismes de chômage partiel (SURE) de 100 milliards d'euros.

Le secteur automobile espagnol a été un des premiers à bénéficier de ces mesures.

Mais il fallait faire plus.

Il fallait s'assurer que tous les pays rebondissent, avec la même capacité d'intervention auprès de leur tissu économique et avec règles du jeu équitables (« level playing field »).

Il fallait aussi préserver l'intégrité de notre marché intérieur. Car des graves disparités ont commencé à apparaître où certains pays concentrent la quasi-totalité des aides d'Etat tandis que la grande majorité des autres n'ont pas accès au financement ou ressources nécessaires.

Et il fallait, enfin, et il faut dès maintenant, investir dans l'avenir car il s'agit de préserver notre compétitivité, mise en danger par les coûts supplémentaires de la distanciation sociale.

Je me suis personnellement battu pour un plan de relance qui réponde à ces besoins.

Très tôt pendant la crise j'ai initié un travail de terrain et de contact avec l'ensemble des acteurs de l'économie, y compris, bien évidemment, le secteur automobile, pour évaluer et anticiper les besoins.

Et j'ai structuré cette approche autour du concept d'écosystème rassemblant tous les acteurs d'un même secteur au sens large : les grands groupes, les PME et start-ups, les centres de formation et de recherche, les services associés aux fournisseurs mais aussi les pouvoirs publics, régions et autorités locales, et ce au niveau européen.

J'ai pu ainsi identifier 14 écosystèmes, dont celui de la mobilité, du transport et de l'automobile. Cet écosystème couvre la production de véhicules automobiles, de navires et de trains, les accessoires, leur réparation et leur entretien, le transport de marchandises. Il emploie directement plus de 11 millions de personnes dans 1.5 millions d'entreprises, et génère un emploi indirect encore beaucoup plus important.

Le secteur automobile espagnol est très intégré dans ces chaines de de valeur européennes. C'est le numéro 2 européen (devant la France et l'Italie) en termes de production (véhicules et sous-traitants). Et 82% de cette production est exportée.

C'est pourquoi j'ai toujours dit que la réponse à la crise devait être européenne, et solidaire.

[La réponse européenne]

Nous abordons à présent la phase de la reconstruction. Le 27 mai dernier, la Commission a proposé le plan de relance "Next Generation EU", qui est maintenant sur la table du Conseil et du Parlement européen

De par son ampleur - 750 milliards d'euros - et son architecture, ce plan est très ambitieux, je dirais même historique.

Nous avons conçu différentes formes d'intervention qui - selon les besoins des États, régions ou entreprises - se déclinent en différents instruments : subventions, prêts ou garanties.

Je voudrais souligner un point important : si la phase d'évaluation des besoins s'est faite au niveau des écosystèmes , aucune somme ne sera pré-allouée par la Commission par secteur.

C'est aux États membres de définir leurs priorités, par l'intermédiaire de leurs plans de relance nationaux, en fonction de la structure et des besoins de leurs économies, et des informations que vous saurez leur transmettre.

Cela doit se faire très rapidement. La Commission a suggéré que ces plans de relance nationaux soient présentés d'ici octobre, en même temps que les plans budgétaires pour 2021.

La Commission engagera ensuite un dialogue avec les États membres afin d'évaluer si les investissements proposés sont conformes aux objectifs du semestre européen et aux différents objectifs climatiques et plus largement environnementaux, de la numérisation et de la résilience et autonomie stratégique.

Ce dialogue assurera aussi une certaine cohérence des politiques de relance des États membres pour que l'impact des plans nationaux sur le marche intérieur dépasse leur simple addition.

Je ne peux bien sûr pas préjuger ce processus, mais permettez-moi de vous donner quelques exemples des types d'investissements que nous encourageons :

  • Les investissements sur la transition écologique et numérique, la recherche et l'innovation dans ce domaine et les transports durables, comme indiqué dans les recommandations du semestre qui ont été adressées à l'Espagne pour 2020. L'Espagne est déjà très avancée dans ce domaine.
  • La promotion des véhicules électriques, le développement de modes de transport décarbonnés, ou d'infrastructures adéquates et de zones à faible émission. Je constate dans ce sens que votre plan national envisage d'ores et déjà des mesures et objectifs très ambitieux en matière d'énergie et de climat.
  • Des investissements publics et privés dans des projets stratégiques et structurants, notamment dans le domaine du numérique et de la transformation verte. À ce titre, de nombreux projets sont déjà développés en Espagne. Par exemple, Iberdrola est très actif en matière d'infrastructure de recharge alliant smart grids et énergie renouvelable. Ce projet est transfrontalier (Italie, Portugal, Espagne) et vise l'installation de 150 000 bornes à l'horizon 2025. Continuez à mettre en œuvre vos ambitions dans des domaines tels que le développement des véhicules électriques et infrastructures de recharge, l'innovation en matière de réduction de la pollution et les technologies émergentes 4.0. Misez aussi sur la mobilité connectée pour rendre notre industrie plus compétitive sur le plan mondial.
  • Cette crise doit avoir un effet accélérateur afin de développer les technologies indispensables pour un transport propre. Cela concerne en particulier les batteries et l'hydrogène qui sont des vecteurs énergétiques indispensables à la neutralité climatique.
  • La relance doit également être inclusive et nous soutiendrons les initiatives en matière de formation et de reconversion. C'est un enjeu majeur en Espagne comme dans tous les États membres. Il est au cœur de notre stratégie industrielle.

Pour bénéficier au mieux du plan de relance européen, et permettre aux financements d'arriver le plus rapidement vers l'économie réelle, ces réformes et ces projets concrets doivent être préparés bien en avance. C'est le moment de se mobiliser !

Pour sa part, la Commission continuera à mobiliser tous les instruments pour soutenir ces efforts : financement bien sûr, mais aussi toutes les initiatives politiques et les programmes européennes.

Nous continuerons à pousser le modèle des alliances industrielles au niveau européen qui est particulièrement adapté pour encourager des innovations avec valeur ajoutée pour tous les européens. Il a déjà donné de très bons résultats pour les batteries et les plastiques et devrait être étendue à d'autres domaines, à commencer par l'hydrogène.

[Perspectives futures et facteurs clés de succès]

Le plan de relance, donc, est une opportunité pour moderniser l'économie espagnole, la rendre plus productive et plus résiliente.

Car notre approche consistenon seulement à réparer notre économie au niveau européen et de chaque État membre, mais aussi - et c'est important - à la transformer. Il ne s'agit pas de financer le passé, mais d'investir dans l'avenir.

Nous devons concentrer nos efforts sur le futur. La crise nous donne une occasion de "ré-oxygéner",si l'on peut dire, notre économie, et en particulier l'ensemble de l'écosystème mobilité/transport/automobile; de transformer cette crise en une opportunité et de rebondir, plus fort. Il s'agit d'avancer, d'anticiper, d'accompagner et de transformer.

En résumé, en plus de soutenir les secteurs exposés à un risque élevé, nous devons transformer et préparer l'avenir. L'Union européenne mobilisera tous les instruments pour réaliser notre vision commune d'un secteur automobile leader en mobilité propre, connecté, innovatrice et source d'emplois de qualité et durables.

[Conclusion]

Madame la Ministre,

Mesdames et Messieurs,

Nous devons avancer rapidement.

Nos entreprises, nos citoyens et nos travailleurs ne peuvent attendre.

Personne n'est en capacité d'avancer seul. Nous devons discuter, coordonner et favoriser les échanges d'expériences et de bonnes pratiques en impliquant tous les acteurs des écosystèmes comme vous le faites.

Cela doit se faire tout au long de ce processus de la définition des mesures en passant par leur mise en œuvre et leur évaluation finale. Je suis convaincu que cela jouera un rôle essentiel. L'adhésion et l'engagement des autorités publiques et des acteurs privés en charge de ces réformes est déterminant.

À ce titre l'initiative que vous avez prise en constituant ce Forum de l'Automobile me paraît très prometteuse et je souhaite qu'elle soit recommandée aux autres États membres.

Je vous remercie.