Eurocommissaris werkgelegenheid: vergrijzing en economische crisis vragen om hervormingen (fr)

Met dank overgenomen van Europese Commissie (EC) i, gepubliceerd op donderdag 14 mei 2009.

Vladimír ŠPIDLA

Membre de la Commission européenne chargé de l’Emploi, des Affaires sociales et de l’Egalité des chances

Vieillissement démographique et crise économique

Brussels Economic Forum

Bruxelles, 14 mai 2009

Ciceron, au premier siècle avant notre ère, disait "Tout le monde désire parvenir à la vieillesse, mais quand on y arrive, on a contre elle toutes sortes de griefs". Il avait bien résumé la problématique du vieillissement démographique. Qui aujourd'hui peut se plaindre que nous vivions de plus en plus vieux ? Pourtant, l'allongement de l'espérance de vie, combinée à une natalité réduite, modifie la physionomie de notre société. Nous sommes contraints de repenser une organisation aujourd'hui décalée par rapport à notre pyramide des âges.

Avec la crise économique, ce défi de long terme est éclairé par une lumière nouvelle: d'une part, la montée du chômage touche plus durement les seniors que les autres travailleurs; d'autre part, les équilibres financiers de nos systèmes de protection sociale, et notamment des retraites, sont bouleversés par la nouvelle donne économique.

L'emploi est revenu en tête de liste de nos priorités. Le Sommet sur l'emploi du 7 mai dernier, à Prague, l'a encore montré en rassemblant au plus haut niveau le trio des Présidences tchèque, suédoise et espagnole du Conseil, la Commission et les leaders des partenaires sociaux européens.

L'emploi, mais aussi le vieillissement démographique, qui sont tous deux intimement liés. Le document adopté par les participants au Sommet le rappelle clairement: il mentionne l'importance à la fois de l'emploi des seniors pour combattre la crise et des réformes pour faire face au défi démographique.

La Commission actuelle a fait du vieillissement démographique une priorité depuis le début de son mandat. Nous avions présenté dans une communication dès 2006, une stratégie complète pour gérer le changement démographique. Cette stratégie comprend les cinq orientations suivantes :

  • favoriser le renouveau démographique en permettant une meilleure conciliation entre vie professionnelle et familiale
  • promouvoir la création d'emplois plus nombreux et des vies actives plus longues et de meilleure qualité,
  • créer une Europe plus productive, en veillant à une meilleure qualification à tous les âges.
  • améliorer l'accueil et l'intégration des migrants en Europe, en soutenant une immigration légale aux règles claires et accompagnée d'une intégration efficace
  • et enfin, assurer des finances publiques viables, en consolidant les budgets et en réformant les systèmes de protection sociale.

La Commission a renouvelé cet engagement avec la communication du 28 avril dernier. Nous y rappelons que l'Europe a les moyens de relever le défi du vieillissement démographique, mais qu'elle doit prendre en compte les nouvelles données de la crise. Il y a aujourd'hui urgence à mettre en œuvre les réformes nécessaires.

Ces réformes doivent s'articuler autour de trois axes majeurs pour faire du vieillissement de notre société une opportunité.

  • l'emploi des travailleurs âgés (I)
  • la qualification des travailleurs (II)
  • et les retraites (III).

(I) L'emploi et le potentiel des baby-boomers

D'abord, l'emploi des travailleurs seniors. Nous savons tous que la génération du baby-boom approche de l'âge de la retraite et qu'elle représente un potentiel considérable : en comparaison avec les générations précédentes, les "baby-boomers" sont en meilleure santé, plus instruits et mieux formés. Nous devons exploiter ce potentiel: C'est une des clés pour apprivoiser le changement démographique.

Nous pouvons déjà noter une augmentation du taux d'emploi des seniors ces dernières années, inversant la tendance antérieure liée au recours massif aux préretraites. Mais il reste encore beaucoup à faire. À l'âge de soixante ans, on ne compte que 40% des hommes et 30 % des femmes encore en activité.

L'accent doit être mis sur la réduction des départs en pré-retraite. Alors que nous avons besoin de garder les seniors sur le marché du travail, nous devons remplacer ces dispositifs par des mécanismes plus souples.

En parallèle, nous devons donner priorité à la recherche d'emploi par les seniors. Actuellement, les seniors ont souvent du mal à se "vendre" sur le marché du travail, alors qu'ils ont de nombreux atouts à faire valoir: l'expérience, une disponibilité souvent importante et une maturité que les jeunes travailleurs dynamiques n'ont pas encore.

Nous devons mieux exploiter ce potentiel et mieux accompagner les seniors qui recherchent un emploi. Notre dynamisme et la compétitivité de l'Union européenne ne pourront se passer de l'expérience et de la force de travail des seniors.

(II) Qualification des travailleurs

Le défi démographique sera une opportunité ou un poids pour notre société en fonction de notre capacité à mieux former les travailleurs. D'ici dix ans, la productivité des travailleurs sera le principal moteur de la croissance européenne. Or, la productivité dépend en grande partie du niveau de formation des travailleurs.

Avec des vies professionnelles plus longues, la formation continue devient cruciale pour permettre aux travailleurs d'adapter leurs compétences à un environnement en constante mutation.

Or, nous sommes actuellement en-dessous des objectifs de Lisbonne pour la formation tout-au-long de la vie: notre objectif était de faire profiter 12,5% des travailleurs de cette formation continue à l'horizon de 2010. Atteindre ce chiffre est une condition essentielle de progrès vers le maintien des seniors en activité.

Nous devons donc mieux former nos travailleurs, mais aussi leur donner des formations qui correspondent aux attentes des employeurs. Notre compétitivité dépendra de notre capacité à anticiper les besoins du marché du travail en termes de compétences, et d'ajuster les formations existantes en fonction de ces besoins. Les mutations de ces dernières années se sont opérées rapidement – avec notamment le changement climatique, le développement des nouvelles technologies ou encore la mondialisation. La crise de ces derniers mois accélère encore ces mutations.

A la demande des États membres, la Commission a préparé un rapport sur nos besoins de compétences d'ici à 2020. Nous avons présenté cette initiative en décembre dernier, sous le titre «des compétences nouvelles pour des emplois nouveaux».

Notre objectif est de donner un nouvel outil aux Etats membres pour leur permettre de se préparer:

  • aux métiers qui seront recherchés dans dix ans,
  • aux formations qui permettront de trouver un emploi à cette date
  • et aux mutations professionnelles auxquelles l'Union sera confrontée d'ici-là.

(III) Retraites: entre justice sociale et finances équilibrées

Le troisième point sur lequel nous devons concentrer notre attention concerne les retraites. Nous serons tous amenés à profiter de la retraite après notre vie professionnelle. Nous aspirons tous à des retraites qui garantissent un niveau de vie décent.

En même temps, à l'échelle macroéconomique, le système des retraites repose sur un équilibre financier entre les contributions et les pensions elles-mêmes. Dans une société vieillissante comme la nôtre, cet équilibre est menacé et nous oblige à repenser ce système. La crise économique pousse plus loin et plus rapidement encore en ce sens: elle fragilise ce système à court terme. La Commission suit avec la plus grande attention cet impact.

  • 1) 
    De nombreuses questions portent d'abord sur les retraites par répartition. Avec le vieillissement de notre société, nous comptons de moins en moins d'actifs et de plus en plus de retraités. En toute logique, le financement de nos retraites s'avère donc de plus en plus délicat.

La crise fragilise encore plus les retraites par répartition. Ce mode de financement dépend des budgets publics. Or, les finances publiques des Etats membres sont actuellement mises à rude épreuve.

Nous ne devons pourtant pas céder à ces coups de butoir. La modernisation des systèmes de retraite ne doit pas rimer avec une quelconque remise en question de la couverture sociale des Européens. La solidarité intergénérationnelle est un pilier de notre modèle social européen, qui nous permet d'ailleurs de mieux résister à la crise que d'autres régions du monde.

Si la modernisation des retraites par répartition semble incontournable, avançons en poursuivant un double objectif: à la fois social avec des pensions justes, et économique avec un système de retraites qui soit financièrement viable.

  • 2) 
    Les retraites complémentaires, par capitalisation, sont également fragilisées par la crise. Ces contributions privées ont subi de plein fouet la crise financière et exposent de futurs retraités aux fluctuations des marchés financiers.

Si aujourd'hui, ces retraites complémentaires ne concernent encore qu'une minorité de travailleurs pour la partie principale de leur pension[1], la tendance est au développement de ce système. Il est donc primordial que ces régimes soient réglementés et supervisés aux niveaux européen et national.

La Commission entend travailler en ce sens avec le Conseil et les États membres. Nous devons parvenir à dégager les enseignements de la crise en ce qui concerne la conception de ces régimes, les cadres réglementaires relatifs à la protection en cas d'insolvabilité, et porter une attention particulière à la santé tant financière que sociale des régimes par capitalisation.

Conclusion

Alors que l'Union européenne affronte en ce moment une crise économique et financière grave, la gestion du défi démographique nous impose de retrouver la voie d'une économie dynamique et prospère, d'une augmentation de la productivité et d'un fonctionnement efficace des marchés.

Pour aller de l'avant en ces temps de crise, il nous faut prendre toutes les mesures nécessaires pour sortir rapidement de la récession et pour s'adapter à l'évolution de notre démographie: à court terme parce que l'emploi des seniors est une clé de la lutte contre le chômage actuel, et à long terme parce que nous devons repenser les rapports entre les générations tout en maintenant une solidarité intergénérationnelle forte. Nous y parviendrons notamment à travers une modernisation de l'accompagnement vers l'emploi, de nos circuits de formation et de nos systèmes de retraites.

Notre réussite pour mener à bien ces chantiers dépendra de notre capacité à concilier les logiques comptables, incontournable dans la gestion de nos finances, et les valeurs qui sont au cœur du modèle européen : égalité, solidarité et justice sociale.

 


[1] Il y a actuellement peu de retraités en Europe qui comptent sur les pensions privées pour une source substantielle de leurs revenus. Dans les rares pays où c'est le cas, ils relèvent pour la plupart de régimes à bénéfices définis et sont donc protégés des fluctuations des marchés.